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Luc Marlier, chercheur en neurosciences au CNRS
est spécialisé dans l’étude du développement
sensoriel et cognitif de l’enfant.Dès la naissance, le nouveau-né affiche des préférences olfactives et alimentaires déjà bien marquées. Quelle est l’origine de ces préférences précoces ? Des études récentes permettent de mieux comprendre ce qui se joue avant la naissance, et pourquoi les préférences observées à la naissance peuvent être différentes d’un enfant à l’autre.
La réactivité aux odeurs et aux saveurs ne démarre pas brusquement à la naissance. L’expérience olfactive et gustative est en effet initiée dès la vie prénatale, puisque les récepteurs qui nous permettent de percevoir les odeurs et les saveurs sont fonctionnels en milieu liquide et qu’ils sont formés dès la fin du premier trimestre de gestation. Ils entrent progressivement en fonction au cours du second trimestre, et sont vraisemblablement pleinement fonctionnels au cours du troisième trimestre de la gestation. Ils sont alors activés par de nombreuses stimulations présentes dans le liquide amniotique. On y retrouve par exemple de nombreux arômes issus de l’alimentation maternelle. Avec l’avancement de la grossesse, le placenta devient de plus en plus perméable, élargissant la palette d’arômes à laquelle est exposé le fœtus.
A la naissance, les nouveau-nés ont déjà des préférences olfactives et alimentaires bien marquées. Si certaines réponses, comme l’attrait pour le goût sucré, sont biologiquement déterminées, d’autres reposent essentiellement sur les apprentissages du fœtus effectués au cours de la vie prénatale. Ces préférences olfactives et alimentaires dépendent plus particulièrement des choix maternels en matière d’alimentation et de culture. Afin de faciliter la découverte par l’enfant d’une large palette d’odeurs et de saveurs, il est conseillé aux futures mamans d’adopter dès la grossesse une alimentation saine et variée.
Les premières préférences olfactives et alimentaires vont sans doute constituer les fondations de notre alimentaire. D’autres expériences vont se faire par la suite, à travers l’allaitement, ou ultérieurement lors de la confrontation directe aux aliments au moment de la diversification. Les préférences initiales seront alors enrichies, élargies, et parfois remodelées. Ainsi l’amertume, qui est au départ une saveur jugée désagréable par les nourrissons, peut devenir par la suite recherchée et appréciée (cette amertume se retrouve par exemple dans le café, ou encore le chocolat noir). Mais ce n’est pas le cas de tous, puisque certains apprécieront l’ajout de sucre ou de lait dans le café ou le chocolat pour en atténuer l’amertume. Les différences individuelles sont importantes.