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En France, 6,1% des enfants présentent une allergie alimentaire, dont 20% de pollyallergies (allergie, lait, et œuf étant l’association la plus fréquente). La fréquence des allergies a beaucoup augmenté ces vingt dernières années et elles sont classées, par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), comme le 3ème problème de santé mondial, derrière les cancers et l’hypertension artérielle. De même, le pourcentage d’allergie alimentaire sévère augmente et les allergies alimentaires multiples semblent de plus en plus fréquentes. Alors comment prévenir les allergies alimentaires ? Comment en reconnaître les symptômes ? Enfin, que faire si votre enfant est allergique ? Les réponses du Dr Douvillez, pédiatre allergologue à Lyon, dans ce 3ème podcast des parents curieux.
Les questions phares auxquelles le Dr Douvillez répond dans ce podcast :
Une allergie alimentaire est une réaction anormale, inadaptée et excessive de l’organisme, suite à l’ingestion d’un aliment. Pour une raison inexpliquée, le système immunitaire considère à tort cet aliment comme un ennemi. Classiquement, pour que la réaction allergique se produise, il faut que le corps humain ait déjà été en contact au moins une fois avec l’allergène en cause. Ce premier contact n’entraîne pas de réaction, c’est ce que l’on appelle la « sensibilisation ».
Les causes des allergies alimentaires sont nombreuses, mais dominées par la génétique et l’environnement. On ne sait pas pourquoi certaines personnes deviennent allergiques mais on sait qu’il existe des familles d’allergiques. Si les 2 parents sont allergiques, ils ont un risque de 60% d’avoir un enfant allergique. De même, un bébé ou un enfant qui a présenté une allergie alimentaire ou un eczéma sera plus sujet à l’asthme et aux rhino-conjonctivites printanières en grandissant.
=> Cet article a été mis à jour en juin 2024, sans procéder à l’enregistrement d’un nouveau podcast, concernant les causes possibles d’une allergie.C’est pour cette raison que vous constaterez des informations différentes entre ce contenu écrit et le contenu audio à ce sujet :
La société francophone d’allergologie[1] a rappelé en 2021 que l’augmentation des allergies alimentaires peut s’expliquer par plusieurs raisons. Certaines sont déjà bien connues, tels que le changement de nos modes de vie avec une moindre exposition aux microbes (théorie hygiéniste) et/ou la mondialisation de l’alimentation avec l’exposition à de nouveaux allergènes. D’autres hypothèses ont été développées plus récemment (nouveaux aliments, modifications épigénétiques, facteurs génétiques).
[1] Primary prevention of food allergy in 2021: Update and proposals of French-speaking pediatric allergists. D. Sabouraud-Leclerca, E. Bradatanb, T. Moralyc, F. Payotd, C. Laruee, A.Broue Chabbert, A. Nemnig, R. Pontcharraudh, A. Jucheti, A. Divaret-Chauveauj, M. Morissetm
« Intolérance alimentaire » est un terme qu’on utilisait avant, on parle plutôt à présent d’allergie retardée, car les symptômes surviennent plus tardivement après l’ingestion de l’aliment, mais il s’agit aussi d’une allergie. Les mécanismes cellulaires ne sont pas les mêmes et les symptômes peuvent être plus trompeurs avec une errance diagnostique.
Chez le nourrisson, la forme la plus fréquente est l’allergie retardée aux protéines du lait de vache qui se manifeste au bout de quelques jours voire plusieurs semaines par :
Les symptômes sont donc très divers et il n’y a pas d’examen complémentaire pour confirmer le diagnostic. Celui-ci sera fait par le médecin à l’interrogatoire, le type et la chronologie des symptômes et surtout la disparition des symptômes après un régime sans protéines de lait de vache pendant 2 à 4 semaines.
On distingue donc deux principaux types d’allergies :
Toutes les deux sont liées à la réponse du système immunitaire après ingestion d’un aliment, le délai de cette réponse diffère d’un cas à l’autre. Les allergies de type II et IV sont, quant à elles, très rares.
Allergie alimentaire immédiate, liée aux IgE
Dans ce cas de figure, le système immunitaire produit des anticorps spécifiques IgE (immunoglobulines de type E) qui entraînent une réaction allergique immédiate. Les symptômes apparaissent en quelques secondes ou quelques minutes : gonflement soudain et important, difficulté à respirer, éruption cutanée, démangeaisons de la peau, symptômes digestifs… et, dans les cas extrêmes, choc anaphylactique.
L’aliment à l’origine de l’allergie est facilement identifiable compte tenu de l’apparition immédiate des symptômes.
Allergie alimentaire retardée, liée aux IgG
Dans ce second cas de figure, le système immunitaire produit des anticorps spécifiques IgG (immunoglobulines de type G), qui peuvent engendrer des processus inflammatoires dans l’organisme.
Il est très difficile de déterminer quel aliment est à l’origine de l’allergie, car les symptômes peuvent apparaitre jusqu’à trois jours après sa consommation.
Chez le petit enfant, parmi les principaux aliments pouvant entraîner des allergies, on trouve en premier lieu le lait de vache, puis :
Il existe aussi de nouveaux allergènes en lien avec les changements d’habitudes alimentaires tels que la consommation de noix de cajou ou de sésame ou de sarrazin ou de lait de chèvre, …
L’allergie aux protéines du lait de vache est l’allergie la plus fréquente dans la 1ère année de vie et concerne 5 à 7 % des bébés.
Par quoi remplacer le lait de vache en cas d’intolérance ou d’allergie avérée ?
Si le bébé n’est pas allaité, on aura recours à un lait de régime appelé hydrolysat de protéines, délivré en pharmacie sur ordonnance. Il couvrira parfaitement les besoins nutritionnels du bébé et il en existe différents types, épaissis ou non. Le lait de chèvre et de brebis ne sont pas adaptés en raison des allergies croisées et il en est de même pour les formules à base de soja. L’hydrolysat de protéines de riz est une alternative végétale, sous réserve qu’il s’agisse bien d’une formule adaptée au nourrisson. Tous les autres jus végétaux (à base d’amande, avoine, châtaigne, …) ne sont absolument pas adaptés d’un point de vue nutritionnel, à la croissance du nourrisson.
Pour trouver la formule adaptée à votre enfant, parlez-en avec un professionnel de santé tel que le médecin ou pédiatre qui suit votre enfant en cas d’intolérance ou allergie.
L’allergie aux protéines du lait de vache peut être transmise par le lait maternel mais ceci est vraiment rare. Le plus souvent, il s’agit de symptômes digestifs chez le bébé, en lien avec une allergie retardée. Dans ce cas, le médecin préconisera de poursuivre l’allaitement maternel en faisant faire un régime sans lait à la maman pendant 2 à 4 semaines, pour voir si les symptômes du bébé disparaissent.
Dès la grossesse, une alimentation variée de la maman est souhaitable. Cette alimentation doit être poursuivie pendant l’allaitement, qui est particulièrement recommandé en cas d’antécédent d’atopie, pendant 4 à 6 mois si possible.
Il est préférable de démarrer la diversification alimentaire entre 4 et 6 mois, idéalement quand le bébé est encore allaité, cette période étant favorable pour réduire le risque de développer une allergie alimentaire.
Enfin, il faut éviter l’exposition au tabac, y compris pendant la grossesse, aérer régulièrement la chambre de votre enfant, qui ne doit pas être humide, et éviter les polluants intérieurs.
En cas d’eczéma chez votre bébé, il est important de bien faire les soins cutanés prescrits par son médecin pour restaurer la barrière cutanée et éviter de laisser pénétrer les allergènes alimentaires par la peau lésée.
L’allergie alimentaire peut s’exprimer de différentes façons, sur :
En général, les symptômes apparaissent rapidement après la fin du repas, dans un délai de quelques minutes à quelques heures, mais très rarement au-delà de deux à trois heures. Sur la peau, ce qui est le plus facile à repérer est l’apparition d’urticaire, mais l’urticaire n’est pas toujours allergique !
Au niveau digestif, l’allergie alimentaire peut se manifester sous la forme de maux de ventre, nausées, vomissements ou diarrhée, ….
Enfin, au niveau respiratoire, le nez peut être bouché avec des éternuements et les yeux peuvent être rouges, larmoyants et gonflés. Quand les poumons réagissent, l’enfant peut faire une crise d’asthme.
Parfois, tous ces symptômes sont associés avec une grande fatigue voire un malaise et on parle alors de choc anaphylactique qui représente une véritable urgence vitale nécessitant d’appeler immédiatement le SAMU.
Si votre enfant présente des symptômes évocateurs d’une allergie alimentaire, n’hésitez pas à en parler avec votre médecin qui vous aidera à faire la part des choses et s’il y a lieu vous conseillera de consulter un allergologue. Pensez à prendre des photos des réactions de votre enfant pour pouvoir les lui montrer, et notez la chronologie des réactions et le type d’aliment consommé, sans hésiter à faire également une photo de la composition des aliments s’il s’agit d’un plat industriel.
Il n’y a pas d’âge minimum pour faire un bilan allergologique, que l’on pratique régulièrement chez des tout-petits nourrissons pour l’allergie aux protéines de lait de vache. Le médecin allergologue vous posera de nombreuses questions sur les antécédents familiaux, les symptômes présentés et le type d’aliment incriminé. Ensuite il décidera s’il y a lieu de faire des tests cutanés qui seront faits en consultation, avec des résultats en 15 minutes environ. Ces tests consistent à déposer sur la peau de l’avant-bras de votre enfant des extraits allergéniques, ou même des aliments frais. Ensuite le médecin utilise une petite pointe pour faire pénétrer l’allergène sous la peau, afin de voir si l’enfant réagit à l’aliment. On mesure ensuite le diamètre de la papule et de la rougeur qui l’entoure pour interpréter les tests. Parfois une prise de sang peut permettre de mieux préciser l’allergie et sa sévérité, et de surveiller son évolution.
Certaines fois, pour affirmer le diagnostic d’allergie alimentaire, le médecin décidera de pratiquer un Test de Provocation Orale (TPO), qui reste l’examen de référence pour affirmer une allergie alimentaire. Il est pratiqué à l’hôpital et consiste à faire consommer l’aliment par l’enfant, à doses progressivement croissantes, sous surveillance médicale stricte.
Une fois que l’allergie est confirmée, il faut supprimer l’aliment ou les aliments responsables de l’allergie. Le régime sera prescrit par le médecin allergologue pour éviter l’apparition de carences et garder une alimentation équilibrée.
Il est important pour vous, parents, d’apprendre à lire les étiquettes afin de connaître les différentes dénominations sous lesquelles peuvent apparaître les allergènes. Par exemple, les parents d’un enfant allergique au lait doivent savoir qu’il peut être présent dans l’aliment sous la dénomination « caséine » ou « protéines du lactosérum »…Mais sachez que la réglementation impose que l’allergène (LAIT) soit obligatoirement noté à côté de ces ingrédients.
L’allergologue vous expliquera tout ça et vous remettra des documents écrits pour rappel. Il faut savoir qu’il existe une liste de 14 allergènes à déclaration obligatoire.
Si l’enfant allergique est gardé par une assistante maternelle, ou s’il va à la crèche ou à l’école, le médecin allergologue rédigera un PAI, ou Projet d’Accueil Individualisé, qui permettra d’assurer son accueil en toute sécurité.
Il vous expliquera aussi la conduite à tenir en cas de réaction allergique en fonction des symptômes présentés par votre enfant, et vous prescrira une trousse d’urgence pour pouvoir lui administrer les médicaments nécessaires. Cette trousse sera aussi disponible chez la nounou, à la crèche ou à l’école. A l’issue de la rédaction du PAI, vous serez reçus par le médecin de la crèche ou de l’école pour bien préciser le type d’allergie présenté par votre enfant, et tous ces éléments seront transmis à l’équipe qui le prend en charge pour que tout le monde soit bien informé et sache comment réagir en cas de réaction allergique. Ce document écrit est réactualisé chaque année au cours de la consultation d’allergologie.
Reste-t-on allergique toute sa vie ?
La durée de l’allergie alimentaire chez le bébé dépend principalement de l’allergène en cause.
L’allergie aux protéines du lait de vache (APLV), qui est la plus fréquente, disparaît vers l’âge d’1 an chez environ 50% des enfants, et à l’âge de 3 ans chez plus de 75% des enfants.
Les scientifiques estiment que les allergies aux œufs, au blé et à la viande disparaissent dans 80% à 90% des cas avant l’âge de 2 ans.
En revanche, les allergies au poisson et aux fruits à coque (arachides, amandes, noisettes, etc.) disparaissent plus difficilement : elles peuvent persister toute l’enfance, voire perdurer à l’âge adulte.
L’allergie mérite donc un suivi évolutif et un contrôle de l’efficacité du traitement mis en place, qui peut être, selon les cas, annuel, bisannuel, ou plus fréquent.
Quels sont les traitements possibles ?
En cas d’allergie alimentaire avérée, le principal traitement consiste à mettre en place un régime d’éviction, c’est-à-dire d’éviter l’ingestion de l’aliment identifié comme allergène.
Certaines manifestations allergiques peuvent toutefois être atténuées par des médicaments (généralement des antihistaminiques). Le médecin ou l’allergologue prescrira un traitement adapté à chaque situation et aux symptômes en question.
Votre enfant a déjà fait une réaction sévère suite à l’ingestion d’un aliment et il a mangé ce même aliment ? Appelez immédiatement le SAMU (15) : un médecin vous donnera la marche à suivre en attendant l’arrivée du SAMU sur place.
Si votre enfant n’a jamais fait de réaction sévère, ne le laissez pas seul et rassurez-le : dans la plupart des cas, les réactions sont peu sévères. Si vous n’observez aucune réaction chez votre enfant, gardez-le sous surveillance pendant 4 heures minimum. S’il n’y a toujours aucune réaction passé ce délai, et que votre enfant ne fait habituellement pas de réactions retardées, vous pouvez être rassurés.
En cas de réaction allergique, suivez scrupuleusement les indications données par le professionnel de santé qui suit votre enfant et sont indiquées dans son PAI, en utilisant la trousse d’urgence prévue à cet effet.